Tour de France: Contador et Karpets, nos outsiders.

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Le Tour de France est bien parti avec ce prologue extraordinaire dans les rues de Londres. Pour mettre un peu de piment durant ce mois de juillet, nous allons suivre plus particulièrement deux coureurs qui font parti des outsiders du peloton et qui à notre avis peuvent l’emporter cette année. Il s’agit d’Alberto Contador, l’espagnol de Discovery Chanel et de Vladimir Karpets le russe de l’équipe Caisse d’Epargne.

Présentation de ces deux coureurs et des raisons qui font que nous considérons que ce sont plus que des outisiders.

Alberto Contador, le revenant.

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Vainqueur sortant de Paris-Nice devant Davide Rebellin à l’issue d’une dernière étape somptueuse, Alberto Contador est taillé pour gagner le Tour (voir le portrait que nous avons déjà fait de lui). Très solide en contre la montre en dépit d’un gabarit relativement modeste, il possède d’énormes qualités en montagne qui lui permettent de rester au contact des meilleurs.

Mental
Côté mental, il possède un vrai tempérament d’attaquant et une ténacité qui le mettent en mesure de faire craquer un adversaire dans un épreuve par étape. Enfin son accident cérébral qui aurait pu lui coûter la vie il y a quelque année, lui donne l’état d’esprit de ceux qui savent que pouvoir souffrir sur un vélo en tant que professionnel est un privilège. Cela lui permet d’aller très loin dans le dépassement de soi.

Les performances significatives
La victoire dans Paris Nice 2007
à un degrè moindre celle dans le Tour de Castille y Leon 2007
la 6eme place dans le Dauphiné Libéré il y a quelques jours

Les plus
Il sera le leader d’une très forte équipe Discovery capable de prendre la course à son compte et de défendre un maillot de leader. Le premier chrono à Albi est taillé pour ses qualités.

Les moins.
Pas de référence significative sur une épreuve de 3 semaines. Un dernier chrono pouvant être défavorable face à de gros rouleurs.

Vladimir Karpets, le cosaque.

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Il ressemble à tout sauf à un coureur cycliste, une barbe à la Raspoutine, des cheveux longs dignes du Laurent Brochard de la grande époque, des pattes de rocker, pourtant sans faire de bruit Vladimir Karpets confirme qu’il sera l’un des maîtres des courses par étapes de ces prochaines années. Repéré par Jose Miguel Echevarri, il intègre à 23 ans l’équipe Banesto à laquelle il appartient toujours (désormais appelée Caisse d’Epargne).
De cet aprentissage espagnol il développe la culture des courses par étapes et particulièrement celle du Tour de France qui a une place particulière dans l’ancienne formation d’Indurain et Delgado. Meilleur jeune du Tour de France 2004, il obtient une bonne 8eme place dans la dernière Vuelta. Sa montée en puissance en 2007 est impressionnante (victoire dans le Tour de Catalogne et surtout dans le Tour de Suisse) et pourrait déboucher sur une énorme performance dans le Tour cette année.

Mental
Discret, le russe n’est pas un grand expansif. Pas spécialement doté d’un tempérament d’attaquant, à l’image d’Indurain, il est plutôt gestionnaire. Ce type de tempérament a souvent été un atout pour bien figurer sur une épreuve aussi longue qu’est le Tour.

Les performances significatives
Victoire dans le Tour de Suisse 2007.
Cette épreuve ne peut être gagnée qu’avec de grosses qualités de grimpeur, et signifie que Karpets sera avec les meilleurs dans la montagne.
Tour de Catalogne 2007.
Le Tour de Catalogne est un mini Tour de France avec notamment des incursions dans les Pyrénées et la nécessité d’être présent dans les chronos.
8eme du Tour d’Espagne 2006
Meilleur jeune du Tour de France 2004 (13eme)

Les plus
Grosse culture des courses par étapes notamment sur trois semaines, capacité à suivre les meilleurs en haute montagne, fort sur les chronos. On ne connait pas les limites de son potentiel.

Les moins
Ne sera pas l’unique leader de son équipe, avec la présence de Valverde, plus médiatique en Espagne. Devra être en mesure de gérer des adversaires au tempérament offensif (Vinokourov, Valverde, Contador). Le Tour de Suisse, épreuve longue (10 jours) et éprouvante à quelques jours du départ, ne constitue pas forcément la meilleure des préparations. Cela peut se payer dans la troisième semaine du Tour.

Nous suivrons donc les performances de ces deux coureurs pendant ces trois semaines et verront si nos pronostics s’avèreront aussi justes que ceux que nous avions fait pour Paris-Roubaix ou aussi faux que ceux de Milan San Remo.

Yannick, le Docteur ès sport.

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8 Responses to “Tour de France: Contador et Karpets, nos outsiders.”

  1. Ludovic dit :

    Bien vu pour Contador 😉

  2. Yannick dit :

    Salut Ludovic,

    Oui, à mon avis Contador peut gagner, je l’avais repéré dans le prologue de Paris Nice il y a deux ans. Très joli style sur le vélo, du punch et un mental en acier trempé suite à son grave accident.

    Par contre pour Karpets je suis vraiment déçu. Ce coureur possède un potentiel exceptionnel, il grimpe, il roule fort, il est très régulier sur tous les terrains. Mais bon il déçoit clairement encore cette année.
    Berzin dans un autre style avait un super moteur et n’a jamais confirmé au plus au niveau.
    Peut-être qu’il faudrait qu’il intègre une autre équipe dont il soit le leader unique. Difficile de savoir. Je suivrai quand même avec intérêt sa Vuelta.

  3. Ludovic dit :

    Karpets a du mal en haute montagne quand même, et je le trouve limite au niveau de la forme même s’il a gagné le Tour de Suisse. Mais apparemment faut pas etre en forme trop tot dans le Tour de France (cf Moreau)

  4. Mathieu dit :

    Constat : Contador gravi les cols aussi vite que Rasmussen et roule un poil plus vite en contre-la-montre.

    Hypothèse : Rasmussen est dopé

    Conséquence : soit Rasmussen est une brêle ; soit Contador est vraiment très fort ; soit il est dopé aussi.

    Un élément intéressant de réponse sur LeMonde.fr : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-676968,36-940003,0.html?xtor=RSS-3208

  5. Yannick dit :

    Bonsoir Mathieu,

    Merci pour ton commentaire. Je ne partage pas ton avis ni sur Contador, ni sur Rasmussen.

    Rasmussen n’a pas été contrôlé positif, donc il est faux de dire qu’il est dopé.
    Il a subi de nombreux contrôles (contrôles qui semblent t-ils ont montré leur efficacité pour d’autres coureurs) et aucun d’entre eux n’a révêlé quoi que ce soit. Il a simplement quitté le Tour car il n’aurait pas donné ses lieux d’entrainement à l’UCI. (on peut d’ailleurs noter qu’aucun sport hormis le cyclisme possède des règles aussi draconiennes).

    Pour Contador. Ce coureur possède une classe énorme, il a toujours bien passé les bosses et réussit de belles performances sur les chronos.
    Au delà de ses performances depuis le début de la saison et de l’an passé il suffit de regarder son palmarès depuis qu’il est cadet pour voir qu’il a fait des perfs tant dans les chronos que dans les bosses. Ses perfomances sont totalement logiques et prévisibles pour les personnes (dont je fais modestement partie) qui suivent le sport cycliste et sa progression depuis plusieurs années.
    http://www.albertocontador.es/palmares.html

    Quand à l’article du Monde, il est dommage que son auteur ait envie de l’écrire juste après la prise du maillot jaune, et qu’il n’est pas eu envie de le faire plus tôt… par exemple dès sa victoire dans Paris Nice cette saison.
    Mais bon, pour cela il faut suivre le cyclisme toute l’année et pas uniquement le Tour de France…
    J’ajouterai que l’article est incomplet et qu’il ne précise pas que le Docteur Fuentes a clairement affirmé qu’en aucun cas Contador avait eu recours à ses services et qu’Alberto Contador avait transmis son ADN pour la vérifiaction avec les produits sanguins trouvés… vérification qui n’a rien donné…

    De façon générale je ne pense pas que le journal Le Monde, qui est un quotidien de grande qualité, soit le journal le mieux placé pour parler de cyclisme, ce n’est pas sa spécialité, ni sa culture.
    En complément je t’invite à lire l’article sur la disparition du Midi Libre qui concerne, de fait, le journal le Monde
    http://www.docteur-es-sport.fr/?p=121

    Enfin je te recommande la lecture du livre « Sauvons le Tour de Xavier Louy », c’est passionnant et permet de mieux comprendre pas mal de choses.
    http://www.sauvonsletour.fr/

  6. Mathieu dit :

    Salut Yannick,

    Que ce soit bien clair : je n’ai pas d’avis personnel sur l’éventuel dopage de Rasmussen ou de Contador. Mon post était juste une façon d’inviter à la lecture de l’article du Monde.

    Tu as raison, cet article n’est pas parfait. Mais il apporte cependant quelques précisions intéresantes. Notamment quant au fait que Contador aurait refusé de fournir son ADN afin que l’on puisse être sûr qu’aucune des poches de sang découvertes à Madrid ne lui appartenait.

    Tu as également raison de souligner que la lutte contre le dopage, en particulier dans le cyclisme, est si draconienne que l’on peut parfois se poser la question de sa compatibilité avec les droits fondamentaux de tout individu. Je dois d’ailleurs faire une communication sur ce thème lors d’un colloque à Toulouse en octobre prochain. Mais je dois bien t’avouer que je n’ai pour l’instant que des pistes de réflexion.

    Tu as encore raison de rappeler que l’on ne peut pas aujourd’hui dire que Rasmussen est dopé. Ce que, soit dit en passant, je n’ai jamais prétendu. Je l’ai seulement présenté comme une « hypothèse ». En revanche, je ne suis pas d’accord avec toi lorsque tu dis qu’un sportif n’est dopé qu’à partir du moment où il est contrôlé positif.

    Primo, parce que même un sportif contrôlé positif peut parfois réussir à faire la preuve de son innocence. C’est très rare, mais cela arrive. Et puis, plus généralement, il y a dopage et dopage. Le code mondial antidopage prévoit ainsi des sanctions allégées pour les sportifs contrôlés positifs, mais qui parviennent à faire la preuve qu’ils n’ont commis aucune « faute ou négligence significative ». Je pense notamment à une affaire mettant en cause une nageuse (Squizzato) dont a eu à connaître le Tribunal arbitral du sport.

    Deuxio parce qu’un sportif peut être sanctionné pour dopage quand bien même il n’aurait jamais été contrôlé positif. Par exemple, le fait de manquer trois contrôles antidopage dans une période de 18 mois (je crois) est assimilé à un cas de dopage. De la même façon, des témoignages, des perquisitions, des aveux, peuvent permettre d’aboutir à la conviction qu’un sportif est dopé. Ma mémoire est sur ce point quelque peu défaillante, mais il me semble que c’est à la suite d’une fouille de la chambre d’hôtel qu’il occupait lors du Giro que Pantani a été sanctionné pour dopage ou encore que Montgomery l’a été à la suite de témoignages concordants.

    Il est d’ailleurs heureux que le contrôle positif ne soit pas le seul moyen de preuve du dopage dans la mesure où l’on sait parfaitement que l’on ne trouve que ce que l’on cherche et que l’on ne trouve pas encore tout ce que l’on cherche. Les auto-transfusions ?

    En bref, un sportif peut être considéré comme dopé à partir du moment où il a été sanctionné pour ce motif et après épuisement des voies de recours dont il dispose. Ce n’est effectivement pas le cas de Rasmussen à ce jour. Pas plus que celui de Contador. Quant aux qualités de cyclistes de ce dernier, je te fais entièrement confiance. Bien vu d’ailleurs le pronostic.

    Amitiés sportives,

  7. Yannick dit :

    Bonjour Mathieu,

    Merci pour ces précisions, c’est intéressant en effet et fort argumenté. Rien à ajouter.

    Si cela est possible, je suis preneur de ta contribution sur ce colloque (cela se passe à Toulouse 1?) et éventuellement pour la publier sur Docteur es sport (si c’est possible).

    Amitiés.

  8. Mathieu dit :

    Oui, c’est à Toulouse 1, les 11 et 12 octobre. Je t’enverrai avec plaisir ma contribution.

    En revanche, pour la publication sur Docteur es sport, j’ai bien peur que ce ne soit pas possible.

    Les actes du colloque doivent normalement donner lieu à une publication « papier ».

    A bientôt,