C’est du très grand spectacle qui a été proposé au public de la salle Charpy lors de cette demi finale retour du championnat de France entre le Paris Volley et Ajaccio. A l’issue d’une rencontre dantesque le Paris Volley s’impose 3 à 2 et se qualifie pour la finale du championnat en même temps qu’il met fin à ma magnifique saison du Gazelec d’Ajaccio.
Une formule en deux rencontres gagnantes plus dense.
L’an passé la formule des demi finales était en trois matchs gagnants. Si la demi finale Paris – Cannes avait donné lieu à une confrontation acharnée l’an passé, le format ne m’avait pas totalement convaincu. En effet, la multiplication des matchs avait tendance à diluer l’intérêt… et la présence du public, car il ne faut pas l’oublier, tout le monde n’a pas les moyens de multiplier des soirées à 30 ou 40 euros pour peu que l’on soit une famille avec des enfants.
Cette saison, la Ligue Nationale de Volley est revenue sur une formule à deux matchs gagnants qui a clairement offert l’intérêt que l’on attendait d’elle. Que ce soit Paris – Ajaccio, comme Tours – Chaumont, l’intensité, tout comme le public a été présent à chaque rencontre.
A mon, sens, et avec une finale en deux matchs gagnants (et non un match unique) ceci constitue la formule idéale pour le volley, mêlant densité du spectacle, équité sportive, mais aussi possibilité pour chaque public local de voir évoluer au moins une fois les siens dans sa salle.
Ajaccio, une magnifique saison.
A voir les joueurs ajacciens, pour certains en larme à l’issue de la rencontre, il y avait quelque chose de terrible de voir cette formation aussi vaillante et talentueuse éliminée. La situation est notamment cruelle pour Tomy Senger et Jovica Simovski qui ont vécu par deux fois cette situation sous les couleurs de l’Arago.
L’un des points très positifs de cette saison de volley est la montée en puissance d’Ajaccio côté public dans le prolongement de sa belle saison sportive. Les corses ont remplis plusieurs fois le Palatinu avec 2 000 personnes qui ont pu apprécier le volley de haut niveau qui auront certainement envie de vibrer à nouveau pour les leurs.
Ils auront la possibilité, la saison prochaine, de voir leur formation disputer une coupe européenne, et pour peu que le tirage soit favorable passer quelques tours avant d’affronter un grand nom étranger.
Mais en parallèle, il faudra continuer à développer le club dans un paysage sportif ajaccien saturé par le football.
Cela passe, à mon avis, par un travail de structuration du club, mais aussi un travail de promotion auprès de publics pas forcément attirés par le football. La sociologie du public du volley est assez différente de celle du football (en général plus jeune et plus féminin), j’ai pu le constater à Sète où l’environnement est assez similaire à Ajaccio (ville de taille moyenne vivant essentiellement du tourisme avec la présence d’une club de football important).
Par ailleurs, les valeurs du football ne sont pas forcément celles que l’on attend du sport de haut niveau, le volley avec son bon esprit, ses joueurs disponibles, sa dimension extrêmement collective et ses fins de set à suspense à tout pour séduire un public qui en à marre du football tel qu’il est aujourd’hui.
C’est un beau, mais difficile challenge qui attend les dirigeants et l’entraîneur du club corse.
Le jeu et les joueurs : Paris malgré tout.
Le Paris Volley s’est qualifié dans cette demi finale face à une équipe d’Ajaccio qui ne lui était pas forcément inférieure. C’est peut-être ce qui est la grande force du groupe parisiens cette saison. Être capable de l’emporter en dépit d’un adversaire supérieur ou de circonstances difficiles. Cela se manifeste par un capacité à exploiter au maximum les temps faibles de son adversaire et à gérer ses propres temps faibles (dont le terrible 0-8 encaissé en début de 4eme set). Sur le plan individuel elle se révèle dans la capacité d’un Guillermo Hernan, le passeur, ou d’un Marko Ivovic à réagir avec orgueil quand la situation est mauvaise sans perdre leurs qualités techniques, ou celle d’un Jeroen Trommel à servir avec un sang froid incroyable sur les cinquièmes set.
Une statistique qui en dit long, cette saison toute compétition confondue, le Paris Volley a disputé 17 cinquièmes sets et en a remporté 14 (soit 82%).
L’ensemble de ces éléments ont payé mercredi et derrière un Marko Ivovic capable de marquer des points dans quasi toutes les situations les parisiens sont parvenus à éteindre l’incendie corse.
A contrario, les ajacciens, effondrés à la fin de la rencontre peuvent fortement regretter ce premier match perdu au Palatinu. Il est selon moi, l’une des clefs de la demi finale. A ce stade, il est primordial lorsque l’on possède l’avantage du terrain de le conserver.
Mais pour la finale, il n’y aura pas d’avantage du terrain, le Paris Volley va affronter Tours, sur terrain neutre, dans la halle Carpentier. Ce sera du 50/50.
Yannick, Docteur ès sport