Samedi soir le Paris FC version académies africaines de Jean-Marc Guillou recevait le CA Bastia dans une rencontre importante pour les parisiens. Ces derniers n’ont toujours pas trouvé la bonne carburation en National et viennent de changer d’entraîneur et occupent toujours le fond du classement. En dépit d’une bonne volonté évidente, mais d’une incapacité à bousculer leur adversaire, les parisiens ont perdu 1 à 0 face à des bastiais techniques et efficaces.
Je vous propose un récit de la soirée en images ainsi qu’une petite réflexion sur le football corse.
Les clubs corses dans l’Elite : 2012/2013, un cru exceptionnel.
Si la Corse a toujours eu une forte densité de clubs d’élite par rapport à sa population (300 000 habitants), la saison 2012/2013 est à ce niveau exceptionnelle.
En effet l’Ile de beauté possède trois clubs de footballs professionels. Avec 2 clubs en ligue 1 (SC Bastia et l’AC Ajaccio), un clubs en ligue 2 (Gazelec Ajaccio) et désormais un club en National (CA Bastia), elle doit être la mieux représentée des régions françaises dans l’élite de notre football, ce qui est exceptionnel. Je n’oublie pas que dans un passé récent d’autres clubs insulaires ont fréquenté au moins le national (l’Ile Rousse, Porto-Vecchio).
Cette performance collective est tout simplement extraordinaire lorsque l’on connaît la faiblesse des structures des clubs (même si cela s’est beaucoup amélioré à Bastia et Ajaccio) et leur peu de moyens financiers.
Cette réussite tient probablement à plusieurs facteurs, notamment à la place de sport roi qu’occupe de football dans l’Île de beauté.
Pour ceux qui s’intéressent ou simplement qui veulent en savoir plus sur la fabuleuse histoire du football corse, je leur recommande la lecture de l’ouvrage du même nom de Victor Sinet (ancien journaliste à l’Equipe et France football), une référence en la matière. L’ouvrage évoque notamment les moments de gloire du football corse, comme l’épopée européenne de Bastia, mais aussi, et moins connue la victoire de la sélection corse contre l’équipe de France dans les années 60…
Paris FC : fébrilité à tous les étages.
Si l’accumulation des mauvais résultats crée logiquement de la fébrilité sur la pelouse, elle a malheureusement eu un effet contagieux dans les coulisses. En effet, suite aux mauvaises performances de début de saison, l’entraîneur parisien Olivier Guillou a été débarqué la veille du match contre Bastia au profit de son adjoint.
Même si le début de saison n’est pas encourageant, au vu de la nouveauté du projet, il n’y a clairement pas lieu de paniquer. La saison est longue et il y a largement le temps de redresser la situation, surtout avec la victoire à 3 pt. Changer d’entraîneur comme cela au bout de quelques journées est à mon sens un mauvais signal et un mauvais coup donné à cet ambitieux projet. Même si les résultats tardent à venir, au niveau de la qualité de jeu, c’est le jour et la nuit entre cette saison et la saison dernière.
Personnellement, je trouve que dans des réorientation importantes pour des clubs ou lors de la mise en place de nouveaux projets, il convient d’être uni et patient. Je me souviens qu’en basket, l’année de sa fusion, le Paris Levallois, 2eme budget du championnat était descendu en pro B. L’entité, toute nouvelle n’avait pas éclaté pour autant ce qui permis au club de rebondir, de remonter et de progresser depuis chaque saison.
Il convient donc de croire en ce nouveau projet, de rester souder et de laisser les responsables sportifs travailler sereinement avec l’effectif en place.
Le jeu et les joueurs : pas de percussion offensive pour le Paris FC.
Lorsque l’on reçoit à domicile une formation qui n’est pas sensée vous être supérieure, il convient de la dominer pour avoir des occasions et espérer que cela rentre pour faire la différence.
Si le Paris FC sait parfaitement appliquer la première partie du plan à savoir posséder la maîtrise de la balle (et généralement de fort belle manière), la seconde partie est plus difficilement mise en œuvre. Les parisiens ne parviennent pas à se créer d’occasions nettes en dépit d’une domination territoriale évidente . Cela est problématique notamment lorsque l’on reçoit une équipe technique et bien en place comme l’est le CA Bastia. On laisse finalement l’adversaire prendre confiance et l’on s’expose au fil de la rencontre à des contres inévitables.
C’est exactement ce qui s’est passé samedi soir, ou les bastiais, pas réellement en difficulté, ont pris confiance au fil des minutes, pour réaliser l’inéducable, une ouverture du score en seconde mi-temps après avoir eu plusieurs occasion franches.
Chez les corse, j’ai trouvé, le milieu défensif bastiais Michel Moretti excellent, du style, et de la technique au milieu. A seulement 23 ans, il est un joueur à surveiller.
Que manque t-il aux parisiens pour pouvoir inverser la tendance ? Un peu plus de tranchant dans les duels, plus de verticalité dans son jeu à l’approche du but, une meilleure exploitation des couloirs. Un peu de tout cela ? Toujours est-il que les journées passent et que les parisiens n’arrivent pas à faire rimer maîtrise collective et efficacité. C’est bien dommage, car le potentiel est là, et on sent qu’il manque juste un peu plus de tranchant en attaque pour passer le cap.
Yannick, le Docteur ès sport.
>> Pour les amateurs, mon soir de match Paris FC – SC Bastia saison 2010/2011 où j’évoque notamment l’époque ou je fréquentais les travées de Furiani…