Quel impact de la crise économique pour la Liga espagnole ?

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Cette saison de Liga s’annonce flamboyante une fois encore sur le terrain. Elle possède les meilleurs joueurs de la planète (Messi, Christiano Ronaldo, les joueurs de la sélection espagnole), l’entraîneur le plus médiatique de la planète (José Mourhino) et le meilleur avant centre actuel (Radamel Falcao).

Pourtant, derrière cette surabondance de talents, la crise économique menace.
Ses premiers effets se font même sentir. Je vous présente dans un article inédit, pourquoi, chiffre à l’appui, la Liga est probablement à l’orée d’une contraction économique majeure.

Les symptômes : des transferts et des budgets en berne.

Un excellent indicateur de la santé économique d’un championnat est le montant des transferts réalisés à l’inter saison. S’il est important, il illustre la capacité des clubs à investir dans ce qui constitue, de fait, leur outil productif : les joueurs.
Durant cette intersaison, les transferts, donc les investissements des clubs de Liga ont été particulièrement faibles.

Ainsi, si logiquement, le FC Barcelone et le Real Madrid sont les deux clubs qui ont le plus investi, le montant (respectivement 33 et 35 m€) reste très modeste comparé à ce qui était investi il y a quelques saisons. 16 clubs sur 20 ont investi moins de 10 millions d’euros et 6 clubs n’ont réalisé aucun transfert à titre onéreux.

L’investissement en transfert n’a jamais été aussi faible depuis près de 10 ans (voir ci-dessous).

L’autre symptôme inquiétant est la baisse généralisée des budgets. Hormis Madrid et Barcelone, et les clubs promus (Vigo, La Corogne, Valladolid) qui voient logiquement leur budget augmenter, l’on se trouve dans une stagnation générale, voire une régression,  preuve que les recettes plafonnent, ce qui paraît logique dans un pays en crise au pouvoir d’achat en baisse.

L’on notera également  la forte disparité entre le Real Madrid et le FC Barcelone, notamment en raison des droits TV. J’avais déjà évoqué cette dimension sur la « liga justa« . L’écart est colossal, ainsi le budget annuel du Rayo Vallecano (club du quartier de Vallecas à Madrid) à suffirait à peine pour payer le salaire annuel de Messi ou Cristiano Ronaldo.

Les seules solutions,  vente du patrimoine immobilier et restrictions budgétaires.

Face à cette situation économiquement difficile, les clubs doivent trouver des moyens d’équilibrer leur budget. La solution de l’emprunt bancaire n’est plus réellement une possibilité, les clubs étant déjà lourdement endettés et les banques espagnoles en grande difficulté. Il ne reste plus que la vente du patrimoine, à savoir les joueurs et l’immobilier, pour équilibrer les budgets.

Malheureusement, dans un pays où l’immobilier est en crise, ce type d’opération n’est pas chose facile, tandis que la vente de joueurs doit faire face, excepté quelques exceptions à des champions européens généralement atones.

Quelques exemples.

Ainsi l’Atletico de Madrid, en dépit d’une bonne saison sportive, mais sans qualification en ligue des champions doivent trouver 10M€ en vente de joueurs pour équilibrer son budget. Déjà des rumeurs de vente de Radamel Falcao à Chelsea en janvier circulent.  Cette situation économique précaire devrait trouver une issue avec la vente de son stade Vicente Calderon, situé dans le sud de Madrid et la création d’une nouvelle enceinte, à la place de l’actuel stade de la Peineta, dans l’est de la capitale espagnole qui permettrait de construire une enceinte de 60 000 places et d’augmenter significativement les revenus.

Le FC Valence endetté à hauteur de 540 M€ s’était lancé également dans la vente de son actuel stade de Mestalla et la construction d’un nouveau stade. L’opération devait être financée par la vente de l’actuel centre d’entraînement et un certain nombre de biens immobiliers possession du club. Mais voilà Bankia, le groupement bancaire qui devait être le co-acheteur de ces biens dans une opération de 500 M€ a jeté l’éponge pour raisons financières. Résultat le club valencian doit faire face à une dette représentant cinq fois son budget annuel sans perspective de rentrée immédiate d’argent frais.

L’Espanyol de Barcelone qui a lui réussi à faire construire son nouveau stade a du mal à boucler son budget. Il doit également vendre ses meilleurs éléments, son avant centre vedette Osvaldo il y a deux saisons, deux de ses meilleurs joueurs Javi Marquez et Alvaro Vasquez cette année,  faisant dangereusement baisser sa valeur sportive et ses performances saison après saison.

Autant d’exemple de clubs renommés confrontés à la dureté de la situation économique.

 

Le nouveau stade du FC Valence... toujours en construction. (photo de kozmito sous licence CC).

Quel avenir pour les clubs de Liga ?

Si la crise économique continue à se poursuivre, il y a fort à parier que la Liga risque de perdre son statut de meilleur championnat du monde au profit de l’Allemagne qui paraît économiquement moins touchée et plus apte à faire venir les meilleurs joueurs à prix d’or. Le départ de l’international espagnol Javi Martinez de Bilbao pour Munich et 40 M€ dans une opération non voulue par le club basque ou le transfert du prometteur Carvajal du Real Madrid Castilla vers le Bayer Leverkussen en sont deux illustrations.

Au niveau des clubs, des accidents de type Leeds United ou Glasgow Rangers, liquidés et rétrogradés de plusieurs divisions,  ne sont pas à exclure. Si le Real Madrid et le FC Barcelone n’ont pas vraiment à craindre une liquidation, ils ne sont pas à l’abri de prise de contrôle par des investisseurs internationaux, comme cela s’est produit pour Manchester United ou Liverpool. Il n’est ainsi par surprenant que l’actuel Président du Real Madrid, Florentino Perez fasse voter par la prochaine assemblée générale du club, un renforcement des statuts portant à 20 ans la date d’ancienneté exigée comme socio pour pouvoir prétendre au poste de Président.

Si elle a conservé ses bases, force est de constater que le visage de la Liga a fortement évolué depuis l’arrête Bosman de 1995 qui a supprimé les clauses de nationalité, l’actuelle crise, risque par la force des choses de modifier également le visage de la Liga. En attendant, dette ou pas, la Liga continue à occuper le devant de la scène et continue à chercher de nouveaux marchés en Amérique du nord en ou Asie.

Yannick, le Docteur ès sport.

>> sources des chiffres présentées supplément extra Liga du journal « Sport » et journal  El Mundo deportivo.
>> La photo du stade « nuevo Mestalla » en construction est le travail de kozmito. Merci à lui.
>> des questions ou besoin de plus d’éléments chiffrés ? Me contacter.

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