Pour mon premier match de volley de cette nouvelle saison, j’assistais à une affiche de choix entre l’Arago de Sète et les Spacer’s de Toulouse, deux équipes qui nourrissent de légitimes ambitions pour le championnat à venir. Cette rencontre était également la première sous ses nouvelles couleurs du pointu sétois, Marien Moreau, venu remplacer le camerounais JP Mboulet, déclaré inapte médicalement.
Cette rencontre où les deux formations ne sont sont faits aucun cadeau s’est terminée sur le score étonnant de 2-2… match nul donc, ce qui est une chose assez rare pour du volley.
Label parisien à la passe.
L’un des attractions de la rencontre était de voir évoluer face à face, sous leur nouvelles couleurs, le duo de passeurs du Paris Volley (que je connais bien), Guillermo Hernan et Antoine Brizard. Duo qui a notamment remporté une coupe d’Europe CEV et quasiment un titre de champion de France la saison passée. Les deux joueurs, aux profils très différents mais constituent des références à leur poste.
Le titulaire parisien l’an passé, Guillermo Hernan est à 33 ans un passeur d’expérience. Après avoir évolué dans le meilleur club espagnol, il a fait un passage dans la très réputée PlusLiga polonaise avant de faire les beaux jours du Paris Volley ces deux dernières saisons.
Doté d’un gabarit modeste (1m83) qui limite sa capacité au contre, il possède, en contrepartie, une technique et une créativité redoutable pour l’adversaire qui lui permettent de disposer d’une palette de distribution impressionnante. Excellent distributeur de balles rapides, il sait également parfaitement mettre en orbite ses centraux ou les joueurs attaquants derrière la ligne des 3 mètres. Son gabarit lui permet, par ailleurs, d’être un excellent défenseur au sol, quasi un second libéro, et son adresse fait de lui un serveur capable de servir en puissance ou en précision. Ce n’est pas un hasard si les deux MVP de ligue A de ces deux dernières saisons (Ivovic et Gjorgiev) ont été servis par le passeur espagnol, champion d’Europe avec sa sélection en 2007.
Antoine Brizard était le second passeur parisien jusqu’à l’an passé. Il est considéré par tous les spécialistes comme le joueur le plus doué de sa génération et a conduit l’équipe de France junior à la demi finale du championnat du Monde. Doté d’un bon gabarit pour le poste (1m94) , il possède une belle technique, une grande intelligence de jeu et une capacité à défendre au contre, mais aussi à attaquer. Il n’était en effet pas rare que lors de ses années parisiennes de le voir évoluer avec l’équipe du centre de formation en nationale 1 au poste de … pointu. Ses immenses qualités font qu’à 21 ans, il se voit confier les clefs d’une formation ligue A et les responsabilités qui vont avec. Une marche importante pour un joueur amené, à terme, à prendre les reines de l’équipe de France A.
Marien Moreau, le retour.
Une triste nouvelle que cette inaptitude technique de JP Mboulet. Les dirigeants sétois ont vite réagi en faisant (re)venir à l’Arago celui qui en fût son attaquant de pointe en 2012 / 2013, l’international français Marien Moreau. Ce dernier engagé cette saison avec Fréjus en N1 avait la possibilité de quitter le Var en cas d’offre à l’échelon supérieur. Le retour de celui qui fût l’attaquant de pointe de l’équipe de France constitue un vrai pari. Les dirigeants sétois ont préféré sécuriser le remplacement en faisant signer le joueur français. Ce choix offre l’intérêt d’avoir un joueur qui ne posera aucun problème d’adaptation et qui aura près de trois semaines pour travailler la relation avec ses coéquipiers si importante en volley. Annoncés comme faisant partie des favoris pour le titre, l’Arago et Moreau étaient tombés de façon décevante dès les quarts de finale des play-off en 2013. Il a l’occasion de faire mieux cette saison.
Le jeu et les joueurs.
Au vu des absents dans les différents formations, il n’est pas possible de tirer des enseignements sur la valeur relative d’une équipe par rapport à l’autre. L’on a pu toutefois constater que les formations étaient déjà en capacité de développer du volley de haut niveau avec de la densité dans tous les domaines.
Sur le plan individuel, côté Arago, j’ai apprécié la qualité au contre de Henry, mais ce n’est pas une surprise, qui pourrait confirmer tout son potentiel, tandis que des garçons comme Rossard (Thibault) et Moreau devraient faire parler la poudre et régaler le public.
Côté toulousain, c’est avec plaisir que j’ai pu constater que Philippe Tuitoga avait encore pris de l’ampleur dans son jeu, se débrouillant très bien dans un costume de pointu intérimaire. L’équipe de Toulouse m’est apparu vraiment séduisante, en tout cas, capable de très bien faire cette saison.
Tout cela demande à être confirmé à partir du 23 octobre prochain date de début de la Ligue A.
Yannick, Docteur ès Sport