Entretien avec Guillermo Hernàn (capitaine de l’équipe d’Espagne de volley-ball).

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Depuis le début de saison, je suis blogueur associé du Paris Volley et à ce titre, je rédige des contenus pour le site officiel du club de la capitale. De ce fait, je côtoie les joueurs et le staff parisien. Pour ce début d’année 2014 et après le tournoi de qualification aux championnats du monde de volley, il m’a paru intéressant d’interviewer Guillermo Hernàn le passeur du Paris Volley et de la sélection espagnole.

Dans l’esprit « docteur ès sport », je l’interroge sur des sujets où l’on pas vraiment l’habitude de l’entendre en France et notamment la situation du volley dans son pays, dans le prolongement de mon dernier « soir de match ». Une interview à découvrir, le tout accompagné de magnifiques photos de ce très grand passeur.

Bonjour Guillermo, d’abord pour évoquer l’actualité récente, quel bilan fais tu du tournoi qualificatif aux championnats du monde du WE dernier avec ta sélection ?

Nous avons eu une préparation un peu particulière, car nous avons commencé à nous entraîner seulement le 27 décembre. C’était vraiment compliqué, car nous avons un nouveau groupe depuis un an et demi et n’avions pas joué ensemble depuis plusieurs mois.
Comme avons commencé notre préparation très tard, cela a été très difficile de produire du bon jeu ensemble à la différence des équipes de France ou de Belgique qui avaient disputé les championnats d’Europe deux mois avant. Évidemment, le résultat n’a pas été bon pour nous mais on espère que pour l’avenir il serve pour faire grandir l’équipe et nous permette d’avoir de meilleurs résultats.

Et comment expliques tu que l’Espagne soit très forte tant niveau de ses clubs que de ses sélections dans beaucoup de sports collectifs (football, basket, handball…) et que cela ne soit pas le cas en volley-ball ?

Je pense que c’est un problème culturel. Le volley-ball en Espagne n’est pas aussi suivi qu’il peut l’être en France ou en Pologne par exemple. Les gens ne pratiquent pas le volley-ball mais jouent au football ou au basket. Les garçons qui sont grands préfèrent aller jouer au basket, qu’au volley. Le volley n’attire pas les gens, la situation est donc très compliquée.
De plus, en ce moment, il y a le gros problème que constitue la crise économique en Espagne. La crise a aggravé la situation car cela devient très compliqué pour les jeunes de trouver une équipe où jouer. Ils doivent aller jouer à l’étranger et le championnat espagnol se trouve dans une situation de plus en plus difficile.

C’est quelques part un cercle vicieux, pas de public, pas de partenaires économiques, pas de clubs et pas de joueurs…

Oui, c’est cela et le fait qu’il y ait moins de joueurs, forcément cela ne permet pas d’alimenter la sélection.
Quand le niveau global des clubs n’est pas très bon, le championnat est faible, c’est ensuite très difficile au niveau de la sélection de trouver des joueurs, à la grande différence de ce qui se passe actuellement en France. Le championnat français est en train de fortement progresser, et cela est forcément très bon pour l’équipe de France.

Tu connais le club qui détient le record de victoires en Coupe du Roi en Espagne (équivalent de la Coupe de France) ?

(hésitation) C’est Almeria non ?

Non, c’est une question piège.

(rire) Dans ce cas c’est Soria ?

Non, c’est le Real Madrid (dont la section volley a disparu en 1983 ndlr)

Ah bon ? Je ne le savais pas.

Je t’ai posé la question, car l’on peut constater que les « grands » clubs espagnols n’ont pas de section volley professionnelle à la différence du basket ou du handball. Cela aiderait probablement au développement du volley en Espagne s’ils en avaient une.

Oui probablement. C’est quelque chose d’intéressant, mais finalement on revient au problème que j’évoquais tout à l’heure. Par exemple, Le FC Barcelone avait une section volley-ball professionnelle et ils l’ont arrêté, pour faire des économies et concentrer tout l’argent sur le football. C’est évidement une décision que je n’approuve pas. Pour le FC Barcelone, le financement d’une bonne équipe de volley, c’est rien du tout par rapport à ce que coûte le football. Des décisions comme cela n’aident pas au développement du volley en Espagne.

Toi personnellement, qu’est ce qui t’a donné envie de pratiquer le volley-ball ?

J’ai commencé à jouer au volley au collège, puis au lycée, ensuite je suis allé jouer à l’Universidad de Granada qui a été le premier club avec lequel j’ai joué à un niveau national. J’ai vraiment apprécié de jouer au volley à haut niveau, et ensuite je suis allé au CAI Teruel qui est le deuxième grand club pour lequel j’ai évolué. Teruel, a été une très belle expérience, j’y ai vraiment passé de bons moments. Après, je suis parti jouer dans le championnat de Pologne qui est l’un des championnats les plus relevés du monde avant de venir cette saison au Paris Volley.

Avec Paris justement, quelle évaluation fais tu de la première partie de saison ?

Assez bonne :  nous sommes premiers au classement, en Ligue des champions nous avons remporté tous les matchs que nous devions remporter, nous sommes qualifiés pour les quarts de finale de la Coupe de France. Le bilan est donc positif, même s’il y a eu la blessure de Goran Maric (l’attaquant de pointe serbe du Paris Volley ndlr) qui a quand même été un moment difficile. Je pense d’ailleurs que si elle ne s’était pas produite durant cette rencontre contre Resovia en Ligue des champions, le résultat final aurait été différent. Donc même avec cette blessure de Goran, le bilan est plutôt bon pour cette première partie de saison. Il faut donc continuer sur cette dynamique jusqu’à la fin du championnat.

La rencontre contre Tours, cela t’a donné un avant goût du niveau à avoir pour gagner le championnat ?

Le match contre Tours, ce n’est, quelque part, qu’ une rencontre de championnat de plus. Forcément, cela a été super de remporter la victoire et donc la Supercoupe mais ce qui me donne véritablement une idée du niveau à avoir pour gagner le championnat, c’est l’ensemble des rencontres que nous avons disputé. Chaque week-end en Ligue A nous avons rencontré une équipe difficile à battre.
C’est vraiment très difficile de gagner chaque rencontre vu l’adversité. Mais pour l’instant je suis satisfait car nous sommes premiers, ce qui veut dire que nous nous sommes bien débrouillés.

Que ressens tu de jouer pour Paris, avec son énorme palmarès et les attentes qui vont avec en terme de résultat ? Est-ce que cela est un facteur de pression ?

Le fait de jouer pour Paris, c’est une énorme motivation, pas une pression. C’est une grande fierté pour moi de jouer pour cette équipe et de représenter l’équipe de volley de Paris et toute l’histoire qui va avec.

Et le fait que la salle ne soit pas toujours pleine, tu le vis comment ?

C’est vrai que s’il y avait un peu plus d’ambiance à Charlety, cela serait un facteur de motivation supplémentaire. Quand on joue devant un public nombreux qui vous soutient, l’on a envie de donner encore plus. Même s’il y a eu plusieurs rencontres où il y a eu beaucoup de monde, j’aimerais vraiment que la salle soit pleine tout le temps. C’est un énorme facteur de motivation pour gagner les matchs.

Nous sommes à l’époque des vœux, en 2014 avec Paris, quelle compétition souhaiterais tu gagner en priorité entre le championnat, la coupe de France et la coupe de la CEV ?

Cela me plairait de remporter n’importe laquelle des trois ! Ce serait déjà un rêve de pouvoir en remporter une, car nous savons que cela sera très très dur. Nous allons devoir affronter de très fortes équipes. Allez, si je devais en choisir une, je crois que ce serait quand même le championnat de France qui constitue une compétition très importante.

Interview réalisée et traduite de l’espagnol par Yannick, Docteur ès sport.

 

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