Seconde rencontre de ce tournoi de qualification aux championnats du monde auquel j’ai assisté, l’Espagne affrontait la Belgique, dans une sorte de revanche de la finale de la Ligue européenne de cet été. Cette rencontre offrait également un beau duel entre deux des meilleurs passeurs du championnat de France : le beauvaisien Frank Depestele pour la Belgique et le parisien Guillermo Hernan pour l’Espagne.
Le volley-ball, parent pauvre du sport collectif espagnol.
L’Espagne possède des équipes nationales performantes dans pratiquement tous les sports collectifs majeurs (football, basket ball, hand ball, water-polo), seuls le rugby, quasi inexistant, et le volley-ball ne possèdent pas une dimension importante dans le pays. Si pour le rugby, c’est presque normal, dans la mesure où ce sport est peu pratiqué en dehors de la France, la Grande Bretagne et certains de ses dominions, cela est beaucoup plus étonnant pour le volley-ball. En effet, excepté l’Espagne, tous les pays européens qui bordent la méditerranée possèdent des championnats de volley d’excellent niveau (France, Italie, ex Yougoslavie, Grèce, Bulgarie, Turquie). L’Espagne a, quelque part, raté le coche de la professionnalisation de ce sport.
Pourtant le volley aurait pu devenir un sport d’importance. Le Real Madrid possédait une section volley performante qui collectionna les titres dans les années 70 (7 titres de champion, 12 coupes d’Espagne) et atteint même les quarts de finale de la coupe des champions en 1977-1978. Il est évident que si la Real Madrid avait poursuivi avec sa section volley-ball (qui a disparu en 1983), étant donné l’influence dont dispose ce club dans le paysage sportif espagnol, que cela aurait favorisé la médiatisation et le développement du volley. Cela n’a pas été le cas, et aujourd’hui, les meilleures équipes du pays s’appellent Almeria et Teruel, qui évoluent dans un championnat peu compétitif où certaines équipes ne possèdent même pas un effectif intégralement professionnel.
Presque logiquement, la sélection espagnole a peu brillé au niveau international, hormis dans les années 2000 où elle obtint ses meilleurs résultats dont un incroyable titre de champion d’Europe en 2007, en s’appuyant sur une génération exceptionnelle qui comprenait des joueurs comme Guillermo Falasca, Jose Luis Molto ou encore, Rafael Pascual véritable figure emblématique du volley ibérique.
Depuis, sans être ridicule, la sélection espagnole navigue en ligue européenne sans parvenir à rivaliser avec les meilleures formations du continent.
La Belgique, retour vers les sommets.
Un peu comme dans le football, le volley belge revient au premier plan après une longue traversée du désert. Ce grand retour, me paraît quelque part logique tant le volley de club belge est performant.
Ainsi la Belgique possède autant de clubs qualifiés en Ligue des champions que la France, et les puissants clubs de Roselaere ou Maseeik ont les moyens de rivaliser financièrement avec les meilleurs clubs français. Cela explique que plusieurs bleus (Sidibé, Rouzier notamment) aient évolué outre Quievain.
Petit particularité géopolitique à noter, contrairement aux autres formations qui ont généralement le nom de leur pays écrit dans leur langue nationale, les belges ont leurs équipements floqués en langue anglaise… Une façon de dépasser le grave différent qui sépare les wallons francophones et les flamands, à l’origine des importants mouvements scissionnistes au sein du pays.
Zéro pointé pour le préposé aux drapeaux.
J’avais parlé dans un précédent article des faiblesses de l’organisation. Parmi les principaux ratés je relaterai l’épisode du drapeau espagnol. Comme toute rencontre internationale, avant la rencontre on écoute les hymnes des équipes qui vont jouer et les joueurs se tournent vers le drapeau national. Mais voilà, le préposé au drapeau du tournoi ne connaissait visiblement pas le drapeau espagnol, puisqu’en guise de drapeau espagnol il avait sorti un drapeau vaguement rouge et jaune d’un autre pays. Rapidement stoppé par le staff espagnol, les ibères ont eu droit à leur hymne sans drapeau… Visiblement l’incident n’est pas allé plus loin, mais il est suffisamment lamentable pour être mentionné.
Le jeu et les joueurs : le rouleau compresseur belge.
Si les espagnols n’ont pas démérité, face à une équipe belge très solide qui peut s’appuyer sur présence hors norme de Depestele à la passe et au talent de Ven den Dries à l’attaque, il faut être capable de présenter des arguments aussi lourds pour espérer rivaliser. Les espagnols sont bons, mais n’offrent pas le même niveau d’arguments offensifs. Ceci explique le score un peu sévère de 3-0 en faveur des belges qui seront les principaux rivaux des bleus pour l’obtention du précieux sésame pour la Pologne et les championnats du monde de septembre.
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Yannick, Docteur ès sport.