Samedi j’ai eu le plaisir d’assister à la rencontre de Premier league anglaise entre Crystal Palace, mon club favori et Southampton. Ce duel, comme cela avait été le cas pour la rencontre entre Palace et West Bromwich Albion, offrait une intéressante opposition de style entre celui très britannique de Toni Pulis l’entraîneur des eagles, et celui plus espagnol de Mauricio Pochettino, l’entraîneur des saints. Ce samedi, c’est le style « latin » qui l’a emporté avec une victoire de Southampton 0-1.
J’évoque le match dans mon article, mais surtout, je profite de cet article pour vous faire partager cette exploration du football anglais, qui, constitue une dimension totalement fascinante de ce pays.
Southampton et l’ombre de Nicolas Cortese.
Southampton, c’est un club référence de la Premier League qui avait passé plus de 25 ans dans l’échelon supérieur du football anglais avant de connaître une belle dégringolade à la fin des années 2000 (descente en D2 puis en D3) et frôler la liquidation. Les Saints vont faire par la suite un retour spectaculaire parmi l’élite en 2012 après deux montées successives en 2010 et 2011 (ce que seuls Manchester City en 2000 et Norwich en 2011 étaient parvenus à faire) et de faire une très belle saison l’an passé. Derrière cette réussite sportive spectaculaire, l’on trouve le nom de Nicola Cortese, l’ex banquier italo-suisse devenu dirigeant des saints.
Ce dernier a pris en main le club comme dirigeant alors qu’il venait de descendre en D3 dans le cadre du rachat par Markus Liebherr, un millionnaire suisse. Il a instauré des méthodes de travail qui n’ont en quelque sorte qu’une ligne de conduite, viser la perfection et l’excellence dans tous les domaines. Par exemple, le centre d’entraînement du club dispose de 12 terrain recréant les différentes pelouses sur lesquelles les joueurs seront amener à évoluer durant leurs déplacements en championnat. Pour les déplacements justement, le club gère la literie (draps, sommiers) dans laquelle seront amenés à dormir les joueurs afin qu’elle soit identique à celle qu’ils utilisent au quotidien à Southampton.
De façon plus classique toutes les équipes du club, de l’équipe première aux équipes de jeunes évoluent avec le même système de jeu (mais le club possédait toutefois une excellente base dans le domaine, Gareth Bale est par exemple, issu de ce centre de formation).
L’ensemble de ce travail a porté ses fruits puisque le club du Hampshire progresse d’année en année dans la hiérarchie nationale et commence à se mêler à la lutte avec les meilleures formation de l’ile. Toutefois, cette dynamique pourrait connaître un coup d’arrêt avec le départ de Nicola Cortese en janvier dernier, suite à un désaccord entre ce dernier et la fille de Markus Liebherr. Cette dernière qui a « hérité » du Southampton FC suite au décès de son père en 2010 souhaite vendre l’entité, contre la volonté du dirigeant suisse.
Alors que l’on pouvait légitimement penser que Southampton aller devenir un rival sérieux pour Chelsea, Manchester United et autre Liverpool, désormais l’on peut s’interroger sur l’avenir sportif à moyen terme. Comment va être géré sportivement le club à l’avenir, surtout dans l’hypothèse d’une vente. Quand à Nicola Cortese, il n’aura que l’embarras du choix, plusieurs très grands club italiens seraient intéressés par ses services.
The Crystals, le « beautiful side » de Crystal Palace.
Parmi les éléments qui font l’originalité de Crystal Palace, comment ne pas évoquer les « Crystals », le groupe de cheerleaders du club. Mis en place par les actuels dirigeants en 2010 lorsqu’ils ont repris le club mal en point. Ces dernières après 4 saisons d’existence, sont désormais l’un des marques de fabrique du club londonien. Le choix n’était pas évident dans la mesure où le football ne se prête pas forcément à la présence de ce type d’animation (pas de temps mort, comme en basket ou football américain par exemple).
Ce qui a fait la réussite des Crystals, c’est d’étendre leur aura au delà de la simple animation sur la pelouse grâce à internet et aux réseaux sociaux. Leur « lip dub » de « call may be », a été visualisé plus de 2,3 millions de fois sur youtube et elles avaient été plébiscitées pour devenir les cheerleaders « officielles » lors des JO de Londres. L’implantation du club dans le sud de Londres leur permet de se rendre sur les plateaux TV où elles sont régulièrement invitées, ce qui contribue à maintenir leur notoriété au niveau national.
Le succès est tel que le programme du club permet à des fans de les sponsoriser à l’instar de ce qui se fait pour les joueurs de l’équipe, mais j’en suis désolé, pour cette saison, c’est complet…
Le jeu et les joueurs : la densité de Southampton.
Avec 4 joueurs (Lambert, Rodriguez, Lallana et le tout jeune Shaw, 18 ans) appelés à disputer la rencontre amicale Angleterre-Danemark quelques jours avant, Southampton présentait une ossature très britannique. Cela ne l’empêche pas de pratiquer un jeu plutôt…espagnol, avec le contrôle de la possession, un pressing assez haut sur l’adversaire durant les phases de récupération et une grosse préparation des attaques dans l’entre jeu. Ce système a fortement contrarié le style plus direct de Crystal Palace, il est vrai diminué par l’absence de Marouane Chamakh sur blessure. Les saints ouvriront le score sur but consécutif à plusieurs erreurs défensives et maîtriseront les eagles par la suite. Parmi les joueurs qui m’ont fait belle impression, je soulignerais le meneur de jeu des saints, l’international anglais Adam Lallana, gros volume de jeu et un superbe touché de balle.
Crystal Palace va devoir batailler jusqu’à la fin de saison pour se maintenir en Premier League, mais le meilleur public d’Angleterre est habitué à ce genre de situation. Cela ne l’empêche pas de se réabonner pour la saison prochaine, malgré l’incertitude sportive. Plus de 3500 supporters de Palace ont déjà repris leur carte d’abonné pour 2014/2015… je rappelle que nous sommes le 8 mars…
Yannick, Docteur ès sport.