Ce samedi, Crystal Palace recevait l’équipe de West Bromwich Albion en Premier League. Cette affiche entre deux noms traditionnels du football anglais, offrait sur le terrain une véritable opposition de style puisque entre celui très britannique de Crystal Palace et le jeu plus latin de l’équipe de WBA. A l’issue d’une rencontre engagée, Crystal Palace l’a emporté 3 à 1 face à un concurrent potentiel pour le maintien.
Une rencontre de Premier League, c’est toujours quelque chose d’exceptionnel, je vous fais partager mes impressions et découvrir l’extraordinaire football anglais en évoquant un trophée peu connu en dehors de la Grande Bretagne la « full members cup ».
West Bromwich Albion FC, club historique du football anglais.
Cela peut paraître un poncif, mais en général les clubs anglais ont tous derrière eux une longue histoire. West Bromwich Albion ne fait pas exception, bien au contraire puisque ce club est situé dans la périphérie de Birmingham, fait partie des grands noms historiques du football anglais. Il faut savoir que la région de Birmingham est le berceau historique de naissance du football anglais, autrement dit du football tout court, avec la fondation du premier club, Aston Villa en 1874, suivi de quelques années par West Bromwich Albion en 1878. Le terme Albion est issu du nom du district d’où étaient originaires la majeure partie des joueurs du club qui devient professionnel en 1885.
L’origine du surnom des joueurs « les baggies » est incertain, une explications viendrait du style vestimentaire des joueurs ou des supporters de l’équipe qui portaient des pantalons assez larges (et dont le style a fait objet d’un effet de mode depuis), tandis que son animal totémique est la grive, qui figure sur l’emblème du club.
Comme de nombreux clubs anglais, West Bromwich a connu des hauts et des bas. Des hauts comme le titre de champion d’Angleterre en 1920, ses 76 saisons au plus niveau du football anglais, les quarts de finales de la coupe UEFA 1979 ou les 5 Cup remportées au début de 20eme siècle. Les bas sont les 15 années passées en D2 et la saison passée en D3 entre 1986 et 2002. L’an passé, avec une 8eme place au classement, les baggies ont atteint leur meilleure classement depuis un quart de siècle.
Crystal Palace et la Zenith Data System Cup.
Le palmarès historique de Crystal Palace est beaucoup plus modeste, puisqu’il ne comporte qu’un seul trophée majeur à son actif, la Zenith Data System Cup. Cette compétition de son nom d’origine la « full members club » avait été crée suite au drame du Heysel et la suspension des clubs anglais de toute compétition européenne en 1986. Elle avait, quelque part, vocation à meubler le vide laissé par l’absence de compétition européenne. Elle regroupait les équipes de première et deuxième division anglaise. Les anglais, souvent avant gardiste en terme de marketing, avaient « vendus » le nom de la coupe à un partenaire, d’où le nom de société informatique qu’elle portait en 1991.
Cette saison là, le club de Crystal Palace est à son apogée sportive. le groupe de joueurs qui avait terminé finaliste de la Cup l’année précédente est l’une des meilleures formations d’Angleterre. Les eagles terminent à la 3eme place du championnat et remportent le premier titre entre équipes d’élite de l’histoire du club, cette « full members club » appelée Zenith Data System Cup [en photo]. L’équipe de Crystal Palace emmenée par son duo d’attaque mythique Wright-Bright comprend des joueurs comme Geoff Thomas ou Andy Gray, futurs internationaux anglais, ou le gardien Nigel Martyn qui sera également « capé’.
Ce trophée, a selon moi, une grande valeur symbolique au sein du club du sud de Londres, puisqu’il matérialise les performances de cette exceptionnelle génération dorée… J’ai eu l’occasion de le prendre en photo ce samedi, je ne m’en suis donc pas privé.
Pour la petite histoire, cette compétition disparaîtra deux saisons après, avec le retour des clubs anglais dans les compétitions européennes.
Le jeu et les joueurs : Chamakh au top.
Marouane Chamakh est un attaquant qui m’a toujours plu, j’apprécie vraiment sa finesse, et son intelligence. Après ses années bordelaises, il n’a pas vraiment réussi à s’imposer à Arsenal, étant cantonné dans un rôle de remplaçant de luxe, au sein d’un contexte très concurrentiel. Après un court mais peu bénéfique prêt à West Ham, il fallait se rendre à l’évidence, le franco-marocain n’a jamais eu la possibilité de faire une saison pleine en Premier League. Cette première vraie saison, il est en train de la réaliser sous les couleurs de Crystal Palace qui lui a offert cette chance en début de saison.
Prêté par Arsenal Chamakh enchaîne depuis le début de la saison les très belles performances à la pointe de l’attaque de CPFC. Il compte désormais 5 réalisations à son actif, ce qui est plus qu’honorable pour une équipe en lutte pour le maintien et à encore régalé le public de Selhurst par ce samedi (l’auteur du compte rendu de la rencontre sur le site Red’n Blue army estime même qu’il est heureux d’avoir pris un abonnement cette saison, rien que pour voir jouer Chamakh…) . La force de Marouane Chamakh, ce n’est pas uniquement son jeu de tête et son placement, c’est également sa capacité à rendre les autres meilleurs et en particulier ses ailliers qu’il lance avec à propos. Yannick Bolasie, et la nouvelle recrue du mercato d’hiver Tom Ince (le fils de Paul) ont ainsi pu ainsi bénéficier des caviars offerts par maître au maillot 29. Marouane Chamakh a ainsi offert une balle de but à Tom Ince et il est à l’origine du pénalty qu’il a transformé ce samedi face à WBA. Il a été l’homme du match.
Côté WBA, où ne jouait pas Nicolas Anelka, j’ai apprécié la puissance du nigérian Anichebe à la pointe de l’attaque, ainsi que le jeu défensif de l’anglais Billy Jones, ex grand espoir du football anglais.
Enfin, on notera dans cette rencontre, la première après la clôture du mercato, que les nouvelles recrues ont flambé des deux côtés, puisque 3 des 4 buts marqués ce samedi l’ont été par des joueurs fraîchement arrivés dans leur club : Tom Ince et John Ledley à Palace et Thievy côté de WBA (j’ai d’ailleurs suivi de prêt le départ de ce dernier de l’Espanyol entre son refus d’aller à Rennes, sa volonté d’aller à Malaga, qui n’avait pas les moyens de se l’offrir, pour finalement atterrir à West Bromwich dans le cadre d’un prêt payant à 500 000 €).
Yannick, Docteur ès sport.