Après le bilan sportif de cette année 2008 nous vous proposons la deuxième partie de notre article « Tour d’Europe des clubs… champions d’Europe » .

Cette deuxième partie présente une analyse pays par pays, afin de dégager les grandes tendances qui marquent le sport européen. Cette année confirme la montée en puissance des clubs russes, un phénomène qui devrait s’accroître ces prochaines années.

– Les deux nations dominantes l’Espagne et l’Italie.

L’Italie et l’Espagne tiennent leur rang et confirment que ce sont les deux pays rois en Europe en matière sportive. Leur présence dans toutes les disciplines au plus au niveau est remarquable et n’est pas un épiphénomène, mais est la confirmation d’une tendance qui dure dans le temps.

– L’Angleterre confirme sa dimension mono disciplinaire.

On l’avait déjà évoqué, l’Angleterre confirme sa spécialisation dans le football avec des résultats exceptionnels cette saison (3 représentants sur 4 du dernier carré sont anglais). L’on peut analyser cette situation comme une évolution normale du libéralisme qui a une tendance naturelle à la concentration. On pourrait même aller jusqu’à dire que cela est une réalisation de la théorie de l’économiste classique David Ricardo sur la nécessité des nations de ce spécialiser…
Par contre pour les autres disciplines, c’est le néant. L’Angleterre est donc une quasi caricature de la concentration monodisciplinaire.

– L’Allemagne le géant au pieds d’argile.

L’Allemagne est un géant aux pieds d’argile si l’on compare les résultats obtenus à la puissance économique de ce pays. Régulièrement au sommet en handball, les allemands voient leurs clubs réussir ponctuellement des résultats dans les autres disciplines (surtout football et volley) sans véritable constance. Cela n’a pas été le cas cette saison.

– La France, à son (bas) niveau.

La France c’est un peu comme l’Allemagne, un géant aux pieds d’argile (voire de ciment), mais en plus faible. Pas de constance au plus au niveau de ses clubs, mais parfois de belles satisfactions. L’année 2008 a été terne sauf en hand et surtout en volley où Cannes échoue aux portes du dernier carré après avoir sorti Paris en 8eme de finales.

En France le système est clairement à revoir. La clef serait le renforcement du pluralisme dans l’accès au média (télévisuel notamment). La solution la plus efficace (et la moins coûteuse) passerait clairement par la mise en place de quotas de diffusion à la télévision.

– La Russie, le géant de demain.

La Russie est clairement le troisième géant du sport européen avec une présence dans le dernier carré de deux disciplines et deux victoires (basket et volley). On pourrait presque parler d’une présence d’un club russe dans le dernier carré en football tant Chelsea est porté par son président, le magnat russe Abramovitch.

Ce qui retient notre attention quand on observe l’évolution des résultats des clubs russes, c’est qu’après une période de creux dans les années 90 et d’exil massif des talents, les clubs sportifs russes reviennent au premier plan au début des années 2000.

A partir de cette date l’exil des joueurs russes a, non seulement pris fin, mais au contraire s’est inversé. Les meilleurs joueurs retournent au pays et les meilleurs étrangers viennent dans les clubs russes. Ainsi l’entraîneur du CSK est le très réputé italien Messina. De même on se souvient qu’il y a quelques années le contreur central de l’équipe de France de volley, Dominique Daquin, avait passé deux saisons au Dynamo de Moscou.

Lukoil [logo en fond debassin] sponsorise notamment l’équipe de water-polo du Spartak de Volgograd

– Comment expliquer alors ce retour au premier plan des clubs russes ?

La raison principale semble tenir en un mot, énergie, ou plutôt ressources énergétiques.

En effet, ce qui frappe quand on observe ces clubs c’est qu’ils sont tous parrainés (voire possédés) par des grandes firmes du secteur énergétique ou liée à l’extraction des matières premières.

Ainsi le club de football du Zenith Saint Petersbourg est sponsorisé par Gazprom, tout comme le Dynamo de Gazan nouveau roi d’Europe (parrainé par une filiale de Gazprom, Tattransgaz ) ou l’équipe de volley de Sourgout.
Le Spartak de Volgograd qui a éliminé Marseille en water-polo est sponsorisé par le géant du pétrole Lukoï (qui possède une très important site d’extraction à Volgograd), tout comme le Spartak de Moscou en football.
Le CSK Moscou champion d’Europe de basket est soutenu quant à lui par une entreprise d’extraction de nickel.
Vu le niveau de performance de ces clubs, l’on se doute qu’il ne s’agit pas d’un parrainage symbolique mais d’un soutien massif au niveau financier.

Les privatisations des années 90 couplées à la crise énergétique des années 2000 a fait émerger en Russie des géants industriels dans le secteur des matières première qui, pour le plaisir de leur dirigeants, mais aussi pour plaire au pouvoir en place qui apprécie le soutien aux clubs nationaux, considéré comme une marque de patriotisme, financent les clubs de sport russes.
Ces moyens financiers couplés au vivier de talents et au savoir faire russe en matière sportive hérité de l’époque communiste (les écoles russes dans de nombreuses disciplines sont souvent ce qui se fait le mieux au monde dans une approche classique des disciplines et des techniques) offrent une compétitivité aux clubs russes jamais vue auparavant.

Cela se concrétise donc au plus haut niveau européen par la domination de clubs russes dans de nombreuses disciplines, domination qui devrait se poursuivre et s’accentuer ces prochaines années.

L’année 2008 au niveau des compétitions européennes illustre, à mon sens, l’aboutissement de ce phénomène inédit jusque là et qui devrait profondément bousculer la géopolitique des puissances sportives de notre continent.

Yannick, le Docteur ès sport.

=======================
Si cet article vous a intéressé, ces articles pourront également vous intéresser…
=======================

>> Tour d’Europe des clubs… champions d’Europe. (1ere partie)
>> Sport et télévision, inciter les chaînes TV à respecter des quotas de pluralisme.
>> Démocratiser la gouvernance des clubs professionnels.