Le maintien pour les équipes modestes de Premier League passe par le fait de battre les équipes de « leur » championnat notamment à domicile. La réception de Stoke City offrait une telle opportunité pour les joueurs de Crystal Palace à la lutte pour le maintien. Malheureusement à l’issue d’une rencontre où ils n’ont pas réussi à déstabiliser leur adversaire les eagles n’ont pu faire mieux que match nul 1-1. Découvrez avec cet article une facette supplémentaire du fascinant football anglais.
Stoke City construit son histoire en Premier League.
Stoke, c’est comme de nombreux clubs anglais, une formation très ancienne. Le club basé à Stoke on Trent dans le Staffordshire a été fondé en 1863 sous le nom des Stoke Ramblers avant de prendre son nom actuel en 1925 avec la création de la commune de Stoke City. Les Potters (les potiers, surnom donné en raison du nombre important d’artisans en poterie dans la zone de Stoke) font partie des clubs qui disputèrent le premier championnat professionnel en 1889. Le club sera par la suite finaliste de la Coupe d’Angleterre lors de la saison 1898 – 1899. Un joueur est également étroitement associé à Stoke City, Stanley Matthews considéré comme le plus grand joueur de l’histoire du football anglais. Les cendres de ce dernier sont d’ailleurs enterrées sous le rond central du stade de Stoke, le Britannia stadium.
En dépit de cette longue histoire, comme pour beaucoup d’autres formations anglaises, le palmarès de Stoke demeure relativement maigre avec en point d’orgue, une finale de coupe d’Angleterre disputée en 2011. C’est en effet dans l’histoire récente que Stoke est parvenu à retrouver un rang en adéquation avec son prestigieux passé. Les Potters retrouvent le plus haut échelon national en 2008 pour ne plus le quitter et parviennent saison après saison à se maintenir sans trop souffrir.
Toni Pulis, le trait d’union.
C’est en effet le trait d’union entre les deux formations qui s’affrontaient ce samedi. Le manager anglais Tony Pulis, fût l’homme qui fit remonter Stoke City en Premier League, mais aussi celui qui sauva Crystal Palace de la relégation l’an passé.
Il quitta Crystal Palace de façon aussi brutale qu’inexplicable l’été dernier à quelques jours de la reprise du championnat mais Tony Pulis entraîna 10 saisons Stoke city (sur deux périodes) et fût l’entraîneur de la remontée en première division. Très dur dans ses méthodes d’entraînement, il a l’habitude d’arriver au centre d’entraînement au petit matin pour préparer ses séances et n’hésite pas parfois à convoquer ses joueurs relativement tôt.
Adepte d’un football très organisé, plutôt direct, très britannique. Son style convient parfaitement aux petites équipes d’une division, qui n’ont pas forcément la capacité technique à prendre le jeu à leur compte. Par ailleurs au niveau du recrutement, c’est un entraîneur peu enclin à la venue de joueurs exotiques ou évoluant hors du Royaume-Unis. Il va clairement privilégier en matière de recrutement des joueurs évoluant dans les différentes divisions du championnat anglais, accentuant ainsi le style de jeu « à l’anglaise » de ses formations. Ayant surtout entraîné des équipes modestes, il possède un palmarès peu étoffé mais la particularité de n’avoir jamais été relégué en plus de 20 ans de carrière, ce qui lorsque l’on a entraîné Stoke et Crystal Palace en Premier League ou Bristol ou Plymouth en seconde constitue une performance de choix.
Il transforma littéralement, l’an passé, le visage de Crystal Palace qui était en train de sombrer pour en faire l’une des équipes les plus difficiles à battre de Premier League.
Dur à l’entraînement, Pullis l’est également en affaires, puisqu’il est très exigeant vis à vis des clubs qui voudraient l’embaucher, à la fois sur le plan de sa rétribution mais aussi sur les pleins pouvoirs au sein du club en terme de recrutement et de gestion de l’effectif. Le manager gallois a préféré pour l’instant les propositions qui lui ont été faites et coule des jours tranquilles à son domicile dans la cossue station balnéaire de Bournemouth. [ndlr il a depuis accepté la proposition de West Bromwich Albions)
Le jeu et les joueurs : Palace sans milieu.
Si j’avais fait l’éloge du potentiel offensif de Crystal Palace lors de mon dernier article, je n’en ferai pas autant de son milieu de terrain.
Autant ses joueurs offensifs ont de la classe et du talent, autant ses milieux sont limités. Manquant de vitesse dans l’exécution, de verticalité dans leur jeu et de technique tout simplement, les milieux de Crystal Palace sont incapables de lancer correctement une offensive : résultat, les joueurs offensifs sont en général mal servis, à contre temps, ou dans des situations peu judicieuses.
Le joueur le plus emblématique à ce niveau est, selon moi, le capitaine de l’équipe et milieu de terrain Mile Jedinak. Le joueur australien, au physique de joueur de rugby, est certainement performant au combat ou quand il faut donner quelques coups d’épaule. Par contre, lorsqu’il se retrouve avec un ballon contrôlé dans les pieds la situation devient tout de suite plus délicate, et son manque de vision devient flagrant. Je ne parle pas des passes à exécuter de plus de 15 mètres qui s’apparentent à une loterie pour leur destinataire. Quand on préfère ce type de joueur à des garçons de la qualité technique d’Adlène Guedioura l’on touche au mystère du football anglais… C’est à dire à ce choix assumé de privilégier au milieu la qualité physique à la construction technique.
Côté Stoke, j’ai eu la possibilité de voir évoluer l’étonnant Peter crouch, l’une des figures du football anglais de la dernière décennie. le géant anglais de 2m01 possède un physique filiforme qui aurait normalement dû en faire un contreur central de volley… Il constitue de part son jeu aérien un véritable danger pour les défenses adverses.
Après avoir ouvert le score à la 10eme minute, les eagles se sont fait rejoindre quelques secondes après sur une mauvaise défense et un but de Crouch. Malgré une bonne volonté évidente, ils n’ont pas été capables de faire la différence, laissant même, au contraire, Stoke se montrer dangereux sur des contres en fin de rencontre.
Un nul 1-1 qui ne fait pas les affaires de Palace qui avance à un rythme d’escargot dans le bas du classement. Le combat sera dur jusqu’au bout…
Yannick, Docteur ès sports