S’il est un événement auquel il est difficile d’échapper en ce moment tant le matraquage médiatique est intense, c’est bien la Coupe du monde de rugby.

Le soufflet s’est tout de même passablement dégonflé dimanche avec la piètre prestation française sanctionnée par une défaite face à l’Argentine.

Bertrand, notre Docteur ès rugby, qui vient de rejoindre l’équipe du site, nous fait partager son analyse, sans concession.

Le rugby français s’est forgé une réputation dans l’histoire de ce sport grâce au  » french flair  » ou  » rugby champagne « . Ce dernier se caractérisait par la qualité de son jeu à la main permettant de créer des décalages décisifs dans la course vers l’en but. Sous la direction de Bernard Laporte, l’équipe de France semble avoir prise une tout autre direction, voire un chemin inverse. Deux grandes erreurs lui sont imputables.

Un jeu contre nature.

Désormais le but ne semble plus être d’éviter l’adversaire pour le déborder mais au contraire lui  » rentrer dedans « , lui  » mettre un tampon  » pour ensuite essayer de passer la balle. Malheureusement ce type de jeu, assez proche du rugby à XIII est contre nature en France. S’ils parviennent bien à « tamponner » l’adversaire, la libération du ballon se fait ensuite dans la latéralité, à plat, avec un risque de tomber de balle maximal et sans gagner de terrain.

Preuve de ce changement de philosophie, Clément Poitrenaud, le seul arrière de métier du groupe avec la qualité du jeu de main que cela implique, n’était pas sur la pelouse vendredi soir. A sa place l’infortuné Cédric Heymans a multiplié les pertes de balle, illustrant du même coup le naufrage du XV tricolore.

Tout le monde à encore en tête le fabuleux essai de Serge Blanco à la dernière minute des demi finales de Coupe du monde face à l’Australie en 1987. Jouer comme que le fait la France aujourd’hui, c’est tourner le dos à cet héritage et ce patrimoine rugbystique.

Une gestion psychologique désastreuse.

Si l’on peut s’interroger sur l’opportunité d’avoir lu aux joueurs la lettre de Guy Mocquet avant le match, une chose est sûre, le fait de faire jouer Mignoni en demi de mêlé a été une erreur.
Ce dernier s’était clairement fait dominer par Pichot, le demi de mêlée argentin quelques mois plus tôt lors d’un autre match à enjeux, la finale du championnat. Pour France-Argentine, même motif, même punition, Pichot qui avait un ascendant psychologique sur Mignoni ne s’est pas fait prier et a de nouveau dominé son vis à vis.
Il est étonnant qu’à un tel niveau de compétition, cette dimension n’ait pas paru évidente au sélectionneur.

De surcroît, l’on peut se demander pourquoi un garçon comme Chabal n’a pas été aligné d’entrée afin de faire « pleuvoir du feu » sur l’équipe adverse dans les 20 premières minutes, les assomer et ensuite gérer. Là au contraire, les argentins ont pu tranquilement prendre leurs marques et ensuite gérer pendant que les français étaient dans le dur, à courir après le résultat.

En tout état de cause, si la France continue comme cela, la sortie de la compétition risque d’être prématurée. Il faudra alors se tourner vers Laporte, le bien nommé, qui connaît déjà la direction à suivre…