La faible différence de niveau entre la L1 de football et le National justifie t-elle l’actuelle répartition des droits TV ?


Effectivement, après chaque tour de Coupe de France, c’est la question que je me pose depuis des années. Cette semaine encore la façon dont l’équipe de Rodez (National, en photo ci-dessus) a dominé Paris sur le plan du jeu donne énormément à réfléchir, notamment parce le National ne bénéficie d’aucun droit TV.

Je vous propose donc quelques éléments de réflexion et de débat.

>> Les données du problème :

Un même vivier de joueurs.

Depuis presque 15 ans  l’arrêt Bosman ampute de façon permanente le football français de ses 60 meilleurs joueurs  (ces derniers évoluent dans les quatre principaux championnats européens (Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne). De façon mécanique la ligue 1 est clairement moins forte que la ligue 1 des années 80.

Parallèlement, depuis les années 80 l’ensemble des clubs de L1 se sont dotés de centres de formation qui permettent de former au moins  200 nouveaux pro par an.
Cette arrivée de nouveaux joueurs n’est clairement pas absorbée par le niveau pro (L1 – L2 – championnats étrangers) et une partie de ces joueurs se voit contrainte d’évoluer à des niveaux moindre (National voire CFA). Ainsi ces équipes de niveau « amateur » sont en réalités composées de joueur ayant le même niveau à peu de choses près que ceux qui intègrent les clubs de L1 L2.

A titre d’exemple prenons l’équipe de Rodez qui vient d’étriller le PSG en coupe de France.
Sur les 11 ruthénois titulaires au début de la rencontre seulement  5 n’ont jamais joué en L1 (je parle bien de L1 !!!)  et sur ces 5 joueurs 3 ont été formés dans des clubs pro de L1 (un vient du centre de formation de Lyon et un autre de celui du TFC et le gardien a été formé à Auxerre).

Cet exemple vaut pour l’ensemble des équipes de National, et montre, si besoin était, que les effectifs de base des clubs de National n’ont finalement pas grand chose à envier à ceux de L1 ou L2, la différence se faisant à mon sens sur quelques joueurs d’exception à des postes clefs.

Il n’est donc pas étonnant que les clubs de L1 soient en difficultés quand ils évoluent chez des clubs de National.
Ce constat a quelque sorte été avalisé par les instances du football pro puisque l’on a modifié il y a quelques saisons les règles de niveau en Coupe de France (l’histoire des niveaux et plus des divisions) afin de « protéger » les clubs pros pour qu’ils aillent moins systématiquement jouer à l’extérieur contre des clubs de division inférieure.

Le problème est que ce nivellement des écarts au niveau sportif s’est accompagné d’une explosition de l’écart au niveau des financements.

668 millions de droits TV pour les clubs pros, 0 € pour le National

Si le National utilise des joueurs ayant la même formation que les clubs de L1/L2 ils n’ont pas droit aux mêmes financements, à savoir les droits TV. Ces 668 millions d’euros reviennent intégralement aux clubs de L1/L2.
Les clubs de National ont ainsi quasiment le même niveau que les clubs de L1/L2 mais absolument pas les mêmes aides.

Cela crée par ailleurs de graves problèmes de stabilité financières chez les clubs de National qui doivent assumer des salaires relativement élevés pour des clubs absoluments pas financés par des ressources externes. Si on reprend la comparaison entre le PSG et Rodez, le budget de Paris est de 50 M€, celui de Rodez 1, 8 M€.

>> Ma proposition : donner une partie des droits TV aux clubs de National.

C’est pourquoi, je pense qu’il serait à la fois équitable mais aussi sain de faire financer le National par une partie des droits TV du football pro (par exemple 2 M€ par an et par club, soit 40 M€). Cela n’enlèverait pas grand chose aux clubs pro et permettrait aux clubs de national de se doter de structures en adéquation avec la qualité de leur effectif et de leur niveau sportif.

De plus, cette évolution aurait une dimension aménagement du territoire, puisque cela permettrait d’avoir 60 clubs pro (L1 +L2+National) au total répartis sur tout le territoire et ainsi à chacun d’avoir la possibilité de voir du football pro a proximité.

Yannick, le Docteur ès sport.

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>> Le rapport Football Money League.
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