Troisième partie de mon tryptique consacré aux championnats de France d’athlétisme, après avoir évoqué l’opportunité d’organiser l’évènement à Charlety (partie 1) et fait un état de situation de l’athlétisme français (partie 2), je vous propose d’évoquer les résultats athlétiques proprement dits de cette compétition où plusieurs athlètes se sont clairement positionnés comme des médaillables potentiels pour les championnats du Monde de Moscou.

Les résultats : Vicaut et Billaud, lancés vers Moscou.

Cette partie va être, par essence, un peu injuste, car elle mériterait de parler de toutes les disciplines. Je n’évoquerai, de façon un peu partielle et partiales, uniquement celles que j’ai le mieux suivi d’où j’étais placé.

Les finalistes du championnat de France de hauteur féminine.

En hauteur féminine Mélanie Melfort, confirme qu’elle est la plus grande sauteuse en hauteur française de la décennie. Elle s’impose (1m85), sans avoir été poussée par ses adversaires. Sur ce concours de hauteur féminine, où il est toujours impressionnant de voir des athlètes sauter à de telles hauteurs, j’ai été déçu pour l’espoir alsacienne Elodie Pinas, 18 ans qui, probablement tendue par le contexte, n’est pas parvenue à  franchir sa première barre (1m67 tout de même).

Mickaël Hanany, champion de France de hauteur masculine.

Hauteur masculine.
Chez les hommes, le concours magnifique s’est transformé en mano à mano entre Mickaël Hanany et Fabrice Saint Jean. Ce dernier a touché du doigt le titre de champion de France avant que Hanany ne franchise les 2m25 à son troisième essai et prenne la tête du concours. Ce dernier sur sa lancée a réussi la superbe performance de 2 m31 et valide son ticket pour Moscou par la même occasion. Sur ce concours, j’ai également été impressionné par la performance de Youssef Benzamia. Le niçois qui mesure 1m80 est parvenu à sauter 2m08 sur ce concours (avec un record personnel à 2m11, soit plus de 30 centimètres plus haut que sa taille), impressionnant !

Youssef Benzamia en action.

Perche féminine.
Toujours sur le sauts, à la perche féminine, c’est une bretonne Marion Letout qui remporte, avec 4m50 l’épreuve et devient la nouvelle reine de la discipline. Vanessa Boslak, figure française de la perche remporte la médaille de bronze.

Farah Clerc se concentre avant le départ du 400m haies féminin.

400m haies féminin.
Chez les féminines et également dans une épreuve encore jeune le 400 m haies Phara Anatarsis domine l’épreuve de peu face à la marocaine (qui ne pouvait donc se voir attribuer le titre national) Hayat Lambarki. Avec le jeu des athlètes non françaises qui ne peuvent recevoir de médailles, ( cette discipline a vu trois athlètes étrangères aux 5 premières places ) une belle opportunité s’offrait à la jeune génération de glaner un accessit. A ce jeu, c’est Saren Mariko, 20 ans qui l’emporte devant athlète de l’ASVEL Farah Clerc et la normande Valentine Huze. Le 400 m haie est considéré comme l’une des épreuves les plus éprouvantes de l’athlétisme et il y a quelque chose qui force le respect de voir ces athlètes à aller au bout d’elles même dans cette discipline.

Cyndie Billaud file vers les 12'59 sur 100m haies.

110m haies féminin.
Toujours sur les haies et chez les féminines, la performance de la nouvelle championne de France Cindy Billaud a été un moment fort de la journée de samedi : 12’59, 5eme meilleure performance mondiale de la saison. La cristolienne dont la rage de vaincre est tout simplement impressionnante pourrait être une bonne surprises des prochains championnats du monde.

Romain Vicaut, nouveau champion de France du 100m. L'on voit le logo de la douane sur son maillot employeur du sprinteur.

100m homme.
Enfin, l’épreuve qui a le plus focalisé autour d’elle est le 100m homme ou Jimmy Vicaut, qui progresse de façon spectaculaire a ravi le titre de champion à un Christophe Lemaître pas aussi rayonnant que ces dernières saisons (même s’il s’impose avec autorité sur 200m).

La situation personnelle de Jimmy Vicaut est d’ailleurs intéressante car elle résume assez bien la situation de l’athlétisme français que je dénonçais.
Ce dernier après avoir longtemps évolué au club de Paris Avenir Athletic avait intégré le « team Lagardère » et ainsi bénéficié d’un statut professionnel. Avec le retrait de Lagardère du monde de l’athlétisme, ce dernier a pu intégrer l’administration des douanes comme sportif de haut niveau et trouver une certaine stabilité pour se consacrer au sprint.
Il n’est quand même pas normal qu’un athlète de ce niveau ait à effectuer ce type de parcours professionnel pour bénéficier d’un revenu correct.

Pour conclure sur une note positive, c’est championnats de France ont été une grande réussite. Il faut maintenant que la fédération française cherche à confirmer l’essai e visant de nouveaux championnats de France mais devant un statut Charlety plein. L’objectif est ambitieux, mais comme pour les athletes, il est atteignable, il faut simplement s’en donner les moyens.

Yannick, Docteur ès sport