Justice pour Sylvain Georges.

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Je suis de ceux qui pensent que cyclisme est actuellement le sport qui lutte le plus efficacement contre le dopage, et je partage entièrement l’avis de Bernard Hinault qui estime que le cyclisme est persécuté.
Mais quand je vois le comportement de l’UCI dans la malheureuse histoire de Sylvain Georges, les bras m’en tombent ! Comme si la fédération internationale, elle même, avait choisi de tirer elle même une balle dans le pied de la discipline qu’elle régit.


Le « coup de gueule » de Bernard Hinault, que je partage totalement.

Rappel des faits.

Sylvain Georges, c’est un excellent coureur de l’équipe AG2R, profil baroudeur et bon grimpeur. Il a franchi les échelons du cyclisme, jusqu’à évoluer dans la meilleure formation française, l’équipe AG2R-La Mondiale au niveau World Tour.

Parmi ses faits d’armes, il remporte, en 2012, l’une des plus belles victoires de l’équipe cette saison là, à savoir une étape du Tour de Californie, épreuve classée Hors Catégorie (soit le plus haut niveau après les grands tours). La saison 2013 doit être celle de la confirmation. Il participe au Tour d’Italie et durant cette épreuve en mai, il est contrôlé positif à l’hephtaminol. Or il s’avère qu’il a ingéré cette substance sans le savoir en prenant un produit pour le drainage des jambes. Licencié par son équipe en juin, il est ensuite suspendu 6 mois par la fédération française. Cette suspension est déjà lourde, dans la mesure où ce contrôle positif est uniquement lié à une erreur d’attention et non à la volonté de tricher (et n’a aucunement faussé le moindre résultat sportif).

Or l’on vient d’apprendre que la fédération internationale a fait appel de cette décision qu’elle trouve trop légère et demande une suspension de 2 ans, soit la peine maximale ainsi qu’ une amende de 45 000 € !

Pour le plaisir, la sublime victoire d’étape de Sylvain Georges dans le Tour de Californie 2012.

Une décision de l’UCI très discutable.

La décision de l’UCI est pour le moins discutable, car elle paraît faire preuve d’aucun discernement. En effet, Sylvain Georges a déjà très lourdement payé sa négligence. Il a perdu son emploi, et à la différence des footballeurs, il n’a pas gagné des dizaines de milliers d’euros par mois au cours de sa carrière professionnelle qui auraient pu le mettre et sa famille à l’abri du besoin.
Bien que trop lourde à mon sens, la décision de suspension de 6 mois la FFC ne compromettait pas la suite de sa carrière, en effet, la majorité des équipes françaises adhérentes au mouvement pour un cyclisme crédible se refusent d’engager un cycliste ayant été suspendu plus de 6 mois. Elle lui donnait la possibilité de retrouver une équipe pour 2014 et oublier cette triste affaire.

Sylvain Georges. image sous licence CC de Laurie Beylier.

C’est pourquoi, la décision d’appel de l’UCI confine à l’acharnement, puisque cette peine de 2 ans est la peine maximale applicable en matière de dopage. L’on aurait trouvé trois barils d’EPO ou d’anabolisants chez Sylvain Georges, la peine demandée par l’UCI n’aurait pas été plus importante !

Par ailleurs, d’un point de vue juridique, elle me paraît plus que contestable.
En effet, la peine demandée (2 ans) fait totalement fit du principe opposable de proportionnalité de la peine inscrite dans la convention européenne des droits de l’homme. Or, la sanction demandée par l’UCI n’est en aucune manière proportionnelle à la « faute » constatée. Il y a par conséquent une erreur de droit manifeste, susceptible de remettre en cause la validité de cette demande si elle était appliquée. Toutefois, il ne pourrait faire valoir ses droits qu’après des années de procédure, sans pouvoir recourir d’ici là.

Il ne reste plus à espérer que la FFC ne suive en rien l’appel de l’UCI, pour des raisons de justice tout simplement et qu’elle permette à Sylvain Georges de retrouver le peloton.

Yannick, Docteur ès sport.

=> le magnifique album photos de Laurie Beylier sur FlickR. Merci à elle de partager ses belles photos de cyclisme.

 

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